Le logement est un droit fondamental de notre Constitution. Pourtant, les usagers de drogues qui vivent en rue, et qui en plus cumulent des problèmes de santé mentale, rencontrent d’énormes difficultés à accéder à un appartement dans le système actuel. Les loyers sont élevés et les propriétaires exigeants. L’abstinence et la prise d’un traitement sont souvent les conditions à l’intégration d’une structure d’hébergement.

Les projets basés sur le modèle Housing First ciblent spécifiquement ce public le plus fragilisé et font le pari que son accès et son maintien en logement sont non seulement possibles mais également souhaitables ; quelque soit le niveau de sa consommation et sans demande d’arrêt ni même de diminution de celle-ci.

Pour cela, un accès direct et inconditionnel à un appartement individuel est proposé. Il est complété par un accompagnement sur-mesure et potentiellement intensif qui peut aller de une à parfois quatre visites par semaine.

Les personnes acquièrent les compétences à habiter un chez soi, depuis leur chez soi, avec le soutien d’une équipe pluridisciplinaire. Grâce au logement, elles retrouvent du temps pour se reconstruire et recouvrer leur dignité. Elles sont considérées comme des citoyens comme les autres. Elle bénéficient de la stabilité nécessaire au démarrage d’un traitement contre l’Hépatite C par exemple. Avec une adresse, elles peuvent aussi récupérer l’accès à leurs droits sociaux.

La Réduction des Risques est un pilier fondamental d’un projet Housing First et en partage les valeurs centrales que sont le non-jugement, la non-conditionnalité et le renforcement des capacités de la personne à poser des choix concernant sa santé et sa vie en général. Un expert en Réduction des Risques et souvent un pair aidant font partie intégrante des équipes de soin.

Au niveau méthodologique, tout le panel des outils de la Réduction des Risques est utilisé.

En plus des aspects liés à la santé (risques d’overdose, de transmission du VIH, VHC…), la consommation de la personne est abordée en fonction de ses répercussions sur le maintien en logement. Empêche-t-elle le paiement du loyer ? Entraîne-t-elle des visites nombreuses et tardives d’autres consommateurs ?

La Réduction des Risques permet d’ouvrir le dialogue et aide la personne à trouver ses propres solutions.

Muriel Allart
Coordinatrice Housing First
SMES-B
www.housingfirstbelgium.be
www.smes.be