
L’analyse de drogues psychotropes est utile, y compris en festival : résumé d’une étude menée au festival BOOM 2016
En festival, les risques liés à l’usage de drogues sont plus élevés que de coutume du fait d’une consommation de drogues généralement plus importante et de conditions parfois extrêmes (e.g., fatigue, déshydratation, chaleur).
L’analyse de produits psychotropes - un service permettant aux usager·ères de drogues (UD) d’analyser chimiquement le contenu de leurs produits et de recevoir des informations et/ou des conseils de Réduction des Risques (RdR) personnalisés - est une des stratégies proposées pour réduire ces risques.
Cependant, elle a du mal à s’imposer dans les festivals, notamment belges (une exception notable est le festival Esperanzah !), où une approche axée sur la répression est souvent privilégiée à une approche axée sur la promotion de la santé. Pourtant, les études démontrant l’utilité de ce service, y compris en contexte festivalier, commencent à s’accumuler.
La dernière en date, disponible ici, a été menée au cours du festival BOOM en 2016, un festival biannuel qui a lieu au Portugal et qui attire plus de 40.000 personnes. Au total, 753 échantillons, apportés par 388 festivalier·ères, ont été analysés. De cette étude, nous retenons trois enseignements. Tout d’abord, que, contrairement aux stéréotypes, les personnes fréquentant le service sont socialement intégrées : elles sont typiquement de niveau universitaire et ont un emploi.
Autrement dit, leur usage de drogues est récréatif et ne les empêche pas d’atteindre des objectifs éducatifs et professionnels valorisés. Ensuite, que le service a permis d’identifier de nombreux échantillons contenant une substance inattendue et/ou des produits de coupe (e.g., de la kétamine vendue comme de la cocaïne).
Enfin, que plus de trois-quarts des personnes fréquentant le service n’avaient pas consommé le produit avant de le faire analyser et que 94% de celles qui ont appris que leur échantillon contenait uniquement une substance inattendue ont exprimé leur intention de ne pas le consommer. Ces derniers résultats suggèrent clairement que, quand on leur en donne les moyens, les UD cherchent activement à minimiser les risques pour eux·elles-mêmes et pour leur entourage.
Résumé de Nicolas Van der Linden chargé du suivi et de l’évaluation des projets de Modus Vivendi.