Voilà le pari fait par l’ASBL Dune (Dépannage d’Urgence de Nuit & Echange) et l’ONG Médecins du Monde en lançant le projet « Médibus » à Bruxelles. C’est un véritable mobil-home qui a été aménagé en un comptoir d’échange et de réduction des risques, ainsi qu’en cabinet de consultation pour les soins infirmiers de première ligne.

L’objectif principal de ce partenariat est d’aller à la rencontre des personnes en situation de grande précarité, qu’elles soient usagères de drogues ou non. Ce projet est marqué par une approche volontariste et s’est construit en concertation avec les acteurs locaux.

Le Médibus, parce qu’il est mobile, offre une réelle flexibilité à nos équipes de rue et de soins. Nous adaptons les horaires et les lieux de présence en fonction des besoins des publics cibles identifiés comme étant exclus des soins « classiques ». Régulièrement, nous recevons des demandes de différents acteurs de terrain tels que les gestionnaires associatifs de squat ou d’occupation, l’IBGE (gardiens de parcs), la STIB, etc.

Depuis le 7 novembre 2013, le Médibus se rend dans des endroits stratégiques afin de toucher un maximum de personnes. Le bus est présent le lundi de 18h30 à 20h45 à la gare Centrale (rue des Sols). A partir du mois de mars, la permanence déjà en place le jeudi sur Ribaucourt sera étendue de 15h00 à 18h00 (Place Sainctelette). Le jeudi soir, le Médibus est présent de 18h30 à 20h45 à la sortie de la gare du Nord (rue du Progrès).

A ce jour, plus de 50 soins ont été réalisés et environ 400 échanges de matériel d’injection ont été effectués. Si les premiers résultats quantitatifs sont encourageants, ce n’est qu’un début et nous devons être patients. Car le public que nous souhaitons toucher est en rupture avec les structures de soins classiques et cultive souvent beaucoup de méfiance à l’égard des aidants.

L’expérience nous montre qu’il faut favoriser ce travail d’« outreaching », qui consiste à « aller vers ». C’est pourquoi nos équipes déploient un travail de rue aux alentours du bus. Les maraudes et la présence régulière du dispositif mobile doivent s’inscrire dans le temps. Procurer des soins et du matériel stérile permet une première accroche où chacun s’apprivoise. Lorsque des liens de confiance se sont créés, il devient envisageable d’accompagner l’usager vers des structures fixes afin d’entamer un travail de réduction des risques plus approfondi et des démarches administratives (carte d’aide médicale urgente ou mutuelle, carte d’identité, aide du CPAS, etc.). Notre travail s’inscrit dans une logique de concertation et de relais vers les partenaires du secteur des soins de santé, des services d’aide aux sans-abris et des structures « bas seuil ».

Comme en témoignent les équipes : «  Ici, le soin commence par un voyage dans la ville, où chaque individu est unique et dès lors, chaque histoire différente.  »

Laetitia Schul
Responsable de projets
Asbl Dune